L'Eco-village commence à pousser !

En ce début 2024, nous sommes 10 à vivre aux Jardins de la Source : aux 2 couples "historiques" (cf l'article ci-dessous sur l'arrivée d'Adeline et Kévin en Tiny House mi  2021), s'ajoutent des salariés récemment recrutés, qui viennent de Lyon (Marion) et de Normandie (Benjamin), et pour lesquels un éloignement aussi important avec les proches ne peut s'équilibrer qu'avec un enracinement fort dans un collectif d'hommes et de femmes qui partagent des valeurs très fortes d'engagement, de solidarité, de bienveillance, de vie simple... Les derniers piliers s'appellent Léa (22 ans) et Samuel, Delphine et leurs enfants Manech (6 ans et Léa, 4 ans), venus pour préparer le projet de tiers lieu culture & nature. C'est Delphine qui anime le club nature et les stages nature !

 



Electrochoc de 2021 : on ne pourra pas recruter si on ne peut pas loger sur place nos salariés!

En 2021, nous dépensons près de 1000 euros pour faire paraitre des offres d'emploi sur les deux plus grands supports de presse professionnelle : nous recevons 2 candidatures. Seulement 2 CV !!Car il est aujourd’hui très difficile de recruter des éducateurs en France, plus encore sur notre territoire peu attractif, a fortiori pour travailler avec un public qui fait peur, et encore plus dans des conditions de travail difficiles des contrats de « permanents de lieu de vie » auxquels nous devons recourir, qui exigent de travailler 24h/24 plusieurs jours d’affilée)

 

Nous sommes très inquiets, car nous ne pouvons plus continuer à porter le projet à bout de bras. Bertrand a passé le cap des 55 ans et a laissé des plumes dans la construction des Jardins : il faut trouver des jeunes pour prendre la relève et s'engager à entretenir et faire grandir le lieu.  Nous avons alors une intuition : afin de les embaucher, il nous faut offrir davantage qu’un emploi : une aventure collective unique, dans un éco-village où l’on développe une autre manière de vivre ensemble, où on apprend à prendre soin de soi, des autres et de la nature…

 

 

 

Pour attirer et fidéliser des professionnels engagés, il faut pouvoir leur proposer de devenir salariés-habitants. 

En septembre 2021, Kevin, encadrant des chantiers éducatifs et salarié du Lieu de Vie, s'installe avec sa conjointe Adeline, institutrice, aux Jardins de la Source. 

 

Ils y garent leur "Tiny House" et entament les démarches pour la faire légaliser dans son stationnement, sur une parcelle agricole. Avec la révision du plan local d'urbanisme qui reprend à ce moment là, nous sommes confiants. Ces habitats légers ne sont ils pas bien meilleurs pour l'environnement que les constructions traditionnelles ? A l'heure où c'est le "souci environnemental" qui guide les politiques en matière d'urbanisme, tous les espoirs sont permis ! 

La publication de l'offre d'emploi pour un poste dans une "communauté éducative" sur la page facebook des éco-lieux a connu un grand succès : plus de 1500 "j'aime" en quelques jours et 3 recrutements à la clé : n'est-ce pas un signe de la résonnance de ce projet avec les aspirations de nombreux citoyens du monde, et d'une pertinence de cette proposition qui unifie le lieu de travail et le lieu de vie ?



Kévin a été recruté en juillet 2021 par le lieu de vie pour encadrer les chantiers éducatifs tous les matins. Passionné de permaculture, il porte notamment la mise en place d'un grand potager biologique qui vise, à terme, à pourvoir à une majeure partie des besoins de fruits & légumes consommés par les habitants des Jardins.

 

Il s'y est installé dans la Tiny House qu'il a construite avec sa femme Adeline, maitresse des écoles. Le premier bébé des Jardins de la Source est né dans leur foyer en avril 2022 !  

Les Jardins de la Source s'inscrivent dans la mouvance des éco-lieux, imaginés par Pierre Rabbhi... C'est bien l'intention de vivre en collectif et de prendre soin des hommes et des écosystèmes qui reste un socle commun très fort commun au millier de lieux qui se rattachent à cette mouvance des Colibris. Cinq critères forment le socle commun des Oasis :

 

 

La mutualisation : l’idée est de mettre en commun les ressources pour limiter son impact sur l'écosystème et gagner en confort de vie.

 

La gouvernance partagée : pour que chaque membre du collectif soit respecté dans ses besoins et ses désirs.

 

L’ouverture vers l’extérieur : en partant du principe que le modèle d’abondance peut irriguer le territoire. Sans faire de plaidoyer pour promouvoir leur démarche, les lieux restent ouverts pour diffuser leurs pratiques.

 

L’autonomie alimentaire : il s’agit de poser l’intention de travailler la terre et de produire ce qu’on consomme grâce à des méthodes de cultures respectueuses du vivant, comme l'agroécologie.

 

 L’autonomie énergétique : pour répondre aux besoins du lieu, tout en limitant les besoins et en travaillant la sobriété.

 



Un projet qui lie éco-lieu et tiers-lieu ...


Par d'autres aspects, le projet des Jardins de la Source s'apparente également au fonctionnement des tiers lieux, tel que décrit dans le réseau des Colibris. "la plupart sont nés de l’impulsion de travailleurs indépendants du secteur de l'Économie Sociale et Solidaire (ESS) désireux de se regrouper. Initialement, c’était pour partager un espace de travail (ou coworking, qui est avant tout une modalité d’organisation du travail), soit un bureau, un atelier, un fablab ou encore des terres agricoles. Puis cela s’est étoffé avec d’autres types d’activités : des activités culturelles, de domiciliation d’entreprises, de café associatif, librairie, jardin partagé, boutique partagée, galerie, salle de réception, etc. Formellement, il s’agit donc d’un espace de travail partagé et collaboratif, d’un lieu intermédiaire de rencontres et d’échanges informels, d’un espace de sociabilité mis en œuvre par un collectif, au service d’un territoire." Mélissa Gentile.

 

Avec le projet d'espaces collectifs dans la grange, ou de mutualisation des salles qui seront aménagées pour l'école alternative, on se situe pleinement dans cette mouvance... La gouvernance d'une telle organisation devra être pensée avec sagesse, pour tracer un chemin de crête qui permette à la fois une véritable co-construction sans devenir une "usine à gaz" ingérable en raison de la lourdeur des procédures de décision démocratiques. L'expérience de ceux qui sont passés avant nous sur des projets similaires nous sera précieuse : vive les réseaux et la mutualisation d'expérience !